Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/13

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Baal ; ce qui prouve, d’après le témoignage des divines Ecritures, qu’ils ont toujours été désignés comme coupables d’idolâtrie. Notre peuple, au contraire, c’est-à-dire le second peuple, abandonnant les idoles qu’il servait auparavant, se convertit à ce même Dieu, dont Israël s’était éloigné, ainsi que nous venons de l’exposer. Par là, le plus jeune des deux peuples triompha de l’aîné, en obtenant le bienfait de la faveur divine dont Israël fut déshérité.

II. Avançons donc, et enfermons dans des lignes fixes et certaines le point capital de toute la question : il s’agit de savoir pourquoi il faudrait croire que le Dieu qui créa l’universalité des êtres, qui gouverne le monde tout entier, qui forma l’homme de ses mains, qui sema sur la terre tous les peuples sans exception, n’aurait donné sa loi par Moïse que pour un seul peuple, au lieu de la donner pour toutes les nations. D’abord s’il ne l’avait promulguée pour toutes indistinctement, il n’eût pas permis aux prosélytes des nations de l’embrasser. Mais ainsi qu’il convient à la bonté et à la justice de Dieu, puisqu’il est le créateur du genre humain, il établit pour toutes les nations la même loi, dont il prescrivit l’observance dans des temps par lui déterminés, quand il l’a voulu, à qui il l’a voulu et comme il l’a voulu. En effet, au berceau du monde, il donna sa loi à Adam et à Eve, en leur défendant de toucher au fruit de l’arbre planté dans le milieu du paradis, et en les avertissant que s’ils enfreignaient cet ordre, ils mourraient de mort.

Cette loi leur eût suffi si elle avait été respectée, puisque, dans cette loi imposée à Adam, nous trouvons le germe caché de tous les préceptes qui se développèrent ensuite dans la loi mosaïque, c’est-à-dire : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme. — Tu aimeras ton prochain comme toi-même.— Tu ne tueras point. — Tu ne commettras point l’adultère. — Tu ne déroberas point. — Tu ne porteras pas faux témoignage. — Honore ton père et ta mère. — Tu ne désireras point le bien d’autrui. »

La loi primitive donnée