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TERTULLIEN.

c’est-à-dire à la femme. Mais d’ailleurs, quiconque vit dans ce monde sans aimer la femme et s’unir à elle, ils le tiennent pour un homme dégénéré et bâtard de la vérité. Que feront donc les eunuques que nous voyons parmi eux ?

XXXI. Il reste à parler de la consommation dernière et de la dispensation des récompenses. Achamoth n’aura pas plutôt pressé la moisson de toute sa postérité, qu’elle se mettra dès-lors en devoir de la rassembler dans ses greniers ; ou bien, lorsque cette semence, portée au moulin et réduite en farine, aura été enfermée par elle dans le coffre où elle sera pétrie et mêlée à l’eau, jusqu’à ce que toute cette masse soit entrée en fermentation, alors arrivera la consommation universelle. Dès ce moment, Achamoth quittera la région du milieu et le second étage du ciel, pour être transportée dans le ciel le plus élevé et rendue au Plérôme. Aussitôt ce Soter, formé de tous les Éons, l’accueille et devient son époux : nouvel hymen ! nouveau couple ! Voilà l’époux et l’épouse, ainsi que le Plérôme nuptial des Écritures. Ne dirait-on pas en effet que la loi Julia[1], ainsi que celle de Caïus[2], suit les Éons à mesure qu’ils voyagent d’un lieu dans un autre ? Le Démiurgue lui-même, abandonnant son septénaire sous-céleste pour monter dans l’étage supérieur, s’établira dans le cénacle vide de sa mère, la connaissant dès-lors, mais ne la voyant pas. S’il en était ainsi, il eût préféré une éternelle ignorance.

XXXII. Quant à l’espèce humaine, voici sa destinée. À tout ce qui porte la marque terrestre et matérielle, destruction absolue, parce que « toute chair est semblable à l’herbe des champs, » et que l’âme meurt dans leur sys-

  1. Loi qui punissait de mort les adultères, et ceux qui débauchaient les vierges et les veuves, ou qui corrompaient les jeunes gens.
  2. Loi de Caïus Pomponius Strabon, qui donnait à ceux qui habitaient au-delà du Pô le droit de citoyen romain.