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TERTULLIEN.

qu’elle n’est jamais demeurée impunie, et qu’il n’y a pas devant Dieu un crime plus insolent que cette transgression de la loi, nous sommes forcés de le reconnaître de nous-mêmes, l’intention des menaces et des vengeances divines est une autorité en faveur du martyre, qu’il faut non pas accepter avec défiance, mais supporter avec courage. Interdire l’idolâtrie, c’était ouvrir la porte à la confession du nom sacré ; sans quoi, où seraient ces généreux dévouements ? L’autorité divine préludait d’avance à ce dont elle préparait l’exécution. Aujourd’hui donc, si nous sommes sous l’aiguillon, c’est Dieu qui nous y a placés. Le scorpion envenime la plaie en niant et en blasphémant cette volonté, soit pour insinuer un autre Dieu dont la volonté serait différente, soit pour décréditer le nôtre dont telle est la volonté, soit pour donner un démenti à la volonté de ce Dieu, dans l’impuissance de le nier lui-même. Nous avons vengé ailleurs l’existence de ce Dieu, dans un combat contre chaque hérésie en particulier. Aujourd’hui, renfermés dans une attaque unique, nous établissons ce principe que la volonté du Dieu d’Israël, et de ce Dieu seul, ouvrit la porte au martyre, soit en prohibant constamment l’hérésie, soit en la châtiant quand elle a eu lieu. Si enfin il en coûte pour obéir au précepte, une des conditions de l’observation du précepte sera que je souffre tout ce qui est attaché à la fidélité au précepte, qu’est-ce à dire ? que je m’expose aux outrages qui m’attendent dès que je me tiens en garde contre l’hérésie. Qui m’impose le précepte, m’impose l’obéissance, apparemment. Qui veut la soumission en veut les éléments et les moyens. Mon souverain législateur me dit : « Tu ne reconnaîtras d’autre Dieu que moi. De bouche ou d’action, n’importe, tu ne créeras aucun autre Dieu. Tu n’en adoreras point d’autre que celui qui t’a donné ces ordres, quelle que soit la forme d’adoration. » Il me commande encore de le craindre, de peur qu’il ne m’abandonne, et de l’aimer de toutes les facultés de mon être, jusqu’à livrer ma vie pour lui.