Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sorte de mal de vous à cause de moi. Réjouissez-vous en ce jour-là et soyez dans l’allégresse : voici que votre récompense est grande dans le ciel ; car leurs pères traitaient ainsi les prophètes. » N’était-ce pas leur prédire qu’il seraient immolés à la manière des prophètes ?

Mais, je vous l’accorde ; cette persécution, toute conditionnelle, ne concerne que les Apôtres. Eh bien ! puisque les Apôtres nous ont transmis le sacrement de la foi tout entier, et la propagation du nom chrétien, et les communications du Saint-Esprit, disciples héréditaires et rejetons de la semence apostolique, nous sommes liés par la loi qui enchaînait les Apôtres. Ils étaient martyrs ; donc nous devons être martyrs comme eux. Jésus-Christ leur dit ailleurs : « Voilà que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez en garde contre les hommes. Car ils vous feront comparaître dans leurs assemblées, et ils vous flagelleront dans leurs synagogues. Et vous serez conduits devant les magistrats et devant les rois, pour me rendre témoignage en leur présence et au milieu des nations. » Mais lorsqu’il ajoute : « Le frère livrera le frère à la mort, et le père le fils ; les enfants s’élèveront contre les parents, et les feront mourir ; » il est manifeste qu’il applique à d’autres cette iniquité, que les Apôtres n’ont pas éprouvée. Aucun d’eux n’a été livré par un père, par un frère, ce qui est arrivé à la plupart d’entre nous. Jésus-Christ revient ensuite à ses Apôtres : « Vous serez en haine à tous à cause de mon nom ; » à plus forte raison nous-mêmes qui devons être livrés par nos parents. Ainsi, par le mélange de ces dispositions qui concernent tantôt les Apôtres, tantôt chacun des fidèles, il a fait pour tous ceux dans lesquels son nom siège comme en un sanctuaire, avec la haine du monde, une loi universelle de confesser son nom jusqu’à la mort. « Celui qui persévérera jusqu’à la fin, sera sauvé ? » Persévérer, mais dans quelles souffrances ? Dans la persécution, dans la trahison, dans l’immolation. Persévérer ne signifie, pas autre chose qu’endurer jusqu’à la fin. Voilà pourquoi «