Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/179

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vainqueurs, quels sont-ils, sinon les martyrs proprement dits ? En effet, à qui combattit, la victoire ; à qui versa son sang, le combat ! En attendant, les ames des martyrs reposent paisiblement sons l’autel, nourrissant leur attente de la confiance qu’elles seront vengées, vêtues de robes, et déjà couvertes de la robe blanche de la gloire, jusqu’à ce que d’autres viennent partager leur splendeur. Derrière eux, en effet, s’avance une multitude innombrable, vêtue de robes blanches, portant à la main les palmes de la victoire, parce qu’ils ont triomphé de l’ante-christ, comme le dit un des vieillards : « Ce sont ceux qui sont venus de la grande tribulation et qui ont lavé et blanchi leurs robes dans le sang de l’Agneau. » Le vêtement de l’ame, c’est la chair. Ses souillures sont lavées par le baptême, et ses taches blanchies par le martyre. C’est dans ce sens qu’Isaïe promettait à l’écarlate et au vermillon qu’ils deviendraient semblables à la neige et à la toison la plus blanche. Quant à la grande Babylone que l’Apôtre nous décrit ivre du sang des saints, il n’en faut point douter, c’est à la coupe du martyre qu’elle boit son ivresse ; mais de là résulte aussi que trembler devant la confession, c’est encourir le châtiment. Qui recule est inscrit parmi les réprouvés ; que dis-je, il est rangé à leur tête. « Les timides et tous les autres, nous dit Jean, auront leur part dans l’étang de feu et de soufre. » Tel est le châtiment qu’il réserve à cette même crainte, « que chasse l’amour parfait, » dans une autre de ses épîtres.

XIII. Mais avec quelle ardeur il nous recommande le martyre après lequel il soupire lui-même, ce Paul, qui, de persécuteur répandant le premier le sang de l’Église, devient ensuite Apôtre, « échangeant ainsi l’épée contre la plume, le glaive contre l’instrument de labour, le matin Benjamin, loup ravissant, le soir apportant ses dépouilles, suivant les paroles de Jacob ! » Ecoutons-le s’applaudissant de la foi des Thessaloniciens ! « De sorte, dit-