Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/178

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qu’il n’en ait point de honte ; loin de là, qu’il en glorifie Dieu. » Ecoutons Jean à son tour. « Il nous exhorte à donner aussi notre vie pour nos frères, parce que la crainte n’est pas où est l’amour. L’amour parfait, ajoute-t-il, chasse la crainte ; car la crainte est accompagnée de peine, et celui qui craint n’est point parfait dans l’amour. »

De quelle crainte s’agit-il ici pour nous, sinon de la crainte qui conseille l’apostasie ? Quel est, dans le langage sacré, l’amour parfait, sinon celui qui dissipe la crainte et soutient le courage du confesseur ? Par quelles frayeurs sera châtiée la crainte, sinon par les frayeurs qui environneront le parjure condamné à périr, avec son corps et son ame, dans les flammes de l’enfer ? « Mourez pour vos frères, » nous dit l’Apôtre ; à plus forte raison pour Jésus-Christ. Son Apocalypse ne l’avait que trop bien préparé à de semblables conseils. L’Esprit saint, en effet, avait écrit à l’ange de l’Église de Smyrne : « Le démon jettera quelqu’un de vous dans les fers, afin que vous soyez éprouvés, et vous souffrirez pendant dix jours. Soyez fidèles jusqu’à la mort, et je vous donnerai la couronne de vie. » Même exhortation à l’ange de Pergame, lorsque l’intrépide martyr Antipas eut souffert la mort là où habitait Satan. Même exhortation à l’ange de Philadelphie, qu’il déclare affranchi de l’épreuve dernière, pour n’avoir point désavoué le nom du Seigneur. A chaque vainqueur, il promet une récompense, tantôt le fruit de l’arbre de vie, tantôt la délivrance de la seconde mort, tantôt la manne cachée, avec une pierre blanche où sera inscrit un nom inconnu. Celui-ci tiendra dans ses mains la verge de fer, et brillera comme la clarté de l’étoile du matin. Celui-là portera une robe blanche, et son nom ne sera point effacé du livre de vie. Il deviendra dans le temple de Dieu une colonne marquée du nom divin et du nom de la céleste Jérusalem. Cet autre siégera sur un trône, à côté du Seigneur, honneur refusé aux fils de Zébédée. Ces bienheureux