Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

voilà prononçant ce mot en véritables Latins, en véritables Opiques, afin de nous convaincre sans doute qu’ils comprennent la monarchie aussi bien qu’ils l’articulent.

Mais, Latins, ils s’appliquent à prononcer monarchie ; Grecs, ils ne veulent pas même comprendre le sens d’économie. Quant à moi, si j’ai recueilli quelque notion des deux langues, la monarchie, à mon sens, ne signifie pas autre chose que le commandement d’un seul. La monarchie, toutefois, n’exige pas impérieusement que, représentation du gouvernement d’un seul, celui auquel appartient le pouvoir n’ait pas de fils, ou devienne à soi-même son propre fils, ou enfin qu’il n’administre pas sa monarchie par qui bon lui semble. Il y a plus, j’affirme qu’aucune domination n’est tellement la domination d’un seul, tellement une domination singulière, tellement monarchie enfin, qu’elle ne soit administrée par d’autres personnes, rapprochées d’elle-même, et dont elle fait ses auxiliaires. Mais si le maître de la monarchie a un fils, la monarchie ne sera point divisée et ne cessera point d’être monarchie, parce qu’il aura associé ce même fils à son pouvoir. Loin de là ; elle appartient avant tout à celui qui en délègue une partie à son fils, et en étant à lui, la monarchie possédée par deux personnes si uniques subsiste toujours. Conséquemment, si la monarchie divine est administrée par tant de légions et tant, d’armées d’anges, ainsi qu’il est écrit : « Mille millions le servaient, et dix mille millions étaient devant lui, » sans toutefois avoir cessé d’être le pouvoir d’un seul ni avoir perdu le caractère de la monarchie, parce qu’elle a pour ministres tant de milliers de vertus, quelle absurdité de prétendre que la Divinité va sembler partagée et disséminée dans le Fils et dans l’Esprit saint, qui obtiennent le second et le troisième rang, et d’ailleurs participent à la substance du Père, tandis qu’elle ne souffre ni partage ni dissémination dans cette multitude incommensurable d’anges, qui n’ont rien de commun avec sa substance ! Les membres, les fils, les instruments,