Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la vertu elle-même, toute la substance enfin de la monarchie, en sont l’anéantissement, dis-tu. Erreur ! J’aime mieux que tu t’exerces au sens de la chose qu’à l’articulation du mot. Tu ne dois regarder la monarchie comme détruite, que si on lui ajoute une domination d’une nature et d’une essence particulière, et qui conséquemment devient sa rivale ; que si on introduit un autre dieu opposé au Créateur. C’est un blasphème impie que de reconnaître plusieurs dieux avec les Valentin et les Prodicus. C’est détruire la monarchie que d’anéantir le Créateur.

IV. Pour moi qui ne dérive le Fils que de la substance du Père, puisque « le Fils ne fait rien sans la volonté du Père, et que le Père lui a donné toute puissance, » comment puis-je de bonne foi détruire la monarchie que je conserve dans le Fils, déléguée au Fils par le Père ? J’en dis autant du troisième degré, parce que l’Esprit ne procède pas d’ailleurs que du Père par le Fils. Prends garde plutôt que ce ne soit toi qui détruises la monarchie, toi qui en renverses la disposition et l’économie établies en autant de noms que Dieu l’a voulu. Mais elle demeure si bien indivisible, malgré l’introduction de la Trinité, que le Fils doit la rendre au Père dans son inviolabilité. L’Apôtre, en effet, dit de la fin des temps : « Lorsqu’il aura remis son royaume à Dieu son Père. Car il doit régner jusqu’à ce que Dieu ait mis tous ses ennemis sous ses pieds ; » conformément à ces paroles du Psalmiste : « Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marche-pied. ---- Mais, lorsque toutes choses auront été assujetties au Fils, alors le Fils sera lui-même assujetti à celui qui lui aura assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. » Nous le voyons ; le Fils ne nuit pas à la monarchie, quoiqu’elle soit aujourd’hui dans Je Fils, parce qu’elle est dans le Fils avec son essence fondamentale, et qu’elle sera remise au Père par le Fils avec son essence fondamentale. Par conséquent, ce n’