Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/203

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XI. Tu devras le prouver par les Ecritures aussi manifestement que nous prouvons nous-mêmes qu’il s’est engendré un Fils, qui est le Verbe. S’il l’appelle son Fils, si le Fils n’est pas autre que celui qui est sorti de son sein, et si le Verbe est sorti de son sein, ce sera donc le Verbe qui sera le Fils, et non celui du sein de qui il est sorti. Car celui-ci n’est pas sorti de lui-même. Or, toi qui confonds le Père avec le Fils, d’après toi, c’est le même qui engendre de lui-même et qui sort de lui-même ce qu’est Dieu. S’il l’a pu faire, il ne l’a pas fait néanmoins. Ou bien, fournis une preuve semblable à la mienne, et telle que je la demande, c’est-à-dire que les Ecritures démontrent que le Père et le Fils sont une seule et même chose, de même que chez nous le père et le fils sont distincts, entendons-nous bien, distincts, mais non séparés, ainsi que je m’appuie sur cet oracle de Dieu : « Mon cœur a produit le Verbe excellent. » Cite-nous par opposition quelque passage où il soit écrit : « Mon cœur m’a produit moi-même Verbe excellent, » pour attester qu’il est tout à la fois et celui qui engendre et ce qu’il engendre, et celui qui produit et ce qu’il produit, s’il est vrai qu’il soit tout à la fois et le Verbe et Dieu le Père. Voilà que je te montre le Père disant au Fils : « Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui. » Si tu veux que je croie que le Père est le même que le Fils, apporte-moi quelque texte s’exprimant ainsi ailleurs : Le Seigneur se dit à lui-même : Je suis mon Fils ; je me suis engendré aujourd’hui, » et conséquemment : « Je me suis engendré avant l’aurore. » Ou bien encore : « Moi, le Seigneur, je me suis créé au commencement de mes voies pour procéder à mes œuvres ; je me suis engendré avant toutes les collines, » ou d’autres passages ainsi conçus. Pourquoi donc le Dieu, Seigneur de l’universalité des êtres, craignait-il de s’exprimer en ces termes, si la chose était véritable ? Appréhendait-il de n’être pas cru, s’il déclarait simplement qu’il était à la fois Père et Fils ? Non ; il n’appréhenda qu’une chose, c’est de mentir. Il s’appréhenda