Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/220

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que la plupart de leurs dispositions s’appliquent à ceux qui fabriquent et honorent les idoles, afin que l’unité de la divinité bannisse la multitude des faux dieux, mais l’unité toutefois qui a un Fils aussi indivisible et inséparable du Père qu’il est exprimé dans le Père, quoiqu’il n’ait pas été nommé. Il y a mieux : si Dieu l’avait nommé, il l’eût séparé de lui-même en disant : Il n’y en a pas d’autre que moi, excepté mon Fils. Excepter son Fils, c’eût été le déclarer différent. Supposons que le soleil tienne ce langage : Je suis le soleil, d’autre que moi, il n’y en a pas, excepté mon rayon ; n’aurais-tu pas crié à la contradiction ; comme si le rayon n’était pas compris lui-même dans le soleil ! Dieu proclama donc qu’il n’y avait pas d’autre Dieu que lui-même, soit à cause de l’idolâtrie des nations et d’Israël, soit à cause des hérétiques qui, de même que les nations se taillent des idoles de leurs mains, se forgent aussi en paroles un Dieu et un Christ chimérique. Ainsi, quand il rendait témoignage à son unité, le Père agissait dans les intérêts du Fils, afin que l’on ne crût pas que Jésus-Christ était venu au nom d’un autre Dieu, mais au nom de celui qui avait dit d’avance : « Je suis Dieu, et il n’y en a pas d’autre que moi, » et qui se déclare le Dieu unique, mais dans la société du Fils avec qui seul il a étendu les deux.

XIX. Mais voilà qu’ils s’emparent de cet oracle, « J’ai étendu seul les cieux » comme d’un témoignage qui exclut la Trinité des personnes. Faisant ici le procès à toutes les autres Vertus, le mot seul réfute d’avance les conjectures des hérétiques qui veulent que le monde ait été créé par les anges et les puissances ennemies, ou qui font du Créateur un ange envoyé pour créer à son insu le monde et tout ce qu’il renferme. Ou bien, si c’est ainsi « que seul il a étendu les cieux » comment ces hérétiques donnent-ils à ce texte une interprétation erronée, comme s’il rejetait la personnalité de cette Sagesse qui dit : « Lorsqu’il affermissait les cieux, j’étais avec lui ? » Si l’Apôtre a dit : « Qui