Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/221

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connaît les desseins de Dieu ? Qui est entré dans le secret de ses conseils ? » il se repond à lui-même : excepté la Sagesse qui était avec lui. Elle était avec lui, mais dans lui et disposant toutes choses avec lui, toutefois sans qu’il ignorât ce qu’il faisait. L’Apôtre donc, en disant excepté la Sagesse, dit excepte le Fils, qui est Jésus-Christ, sagesse et vertu de Dieu, qui seul connaît les desseins du Père, ainsi qu’il le témoigne encore : « Personne ne connaît ce qui est en Dieu, sinon l’Esprit qui est en lui. » Tu l’entends, mais non celui qui est hors de lui. Il y avait donc en Dieu une autre personne en vertu de laquelle il n’était pas seul, sinon qu’il était seul par rapport à toutes les autres Puissances.

Eh bien ! récusez même l’Evangile quand il dit : « Dieu a tout fait par le Verbe, et sans lui, rien n’a été fait ; » à la bonne heure ! Mais, si je ne me trompe, il est écrit également ailleurs : « Les cieux ont été créés par le Verbe ou la parole du Seigneur, et l’armée des cieux par le souffle de sa bouche. » Ce Verbe, cette parole, cette vertu, cette sagesse, ce sera le Fils de Dieu en personne. Par conséquent, s’il a créé toutes choses par le Fils, en étendant les cieux par le Fils, « il ne les a point étendus seul, » si ce n’est dans le sens qu’il n’a rien de commun avec les autres puissances. Aussi bien voilà qu’il parle ensuite du Fils : « Quel autre a rendu inutiles les prestiges des devins et insensés ceux qui prononcent des oracles ? il renverse la science des sages et change leur sagesse en folie ? » Oui, en le nommant son Fils, en disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le ! » Ainsi, parler immédiatement de son Fils, c’est nous expliquer lui-même dans quel sens « il a étendu seul les cieux, » c’est-à-dire seul avec son Fils. De même qu’il ne fait qu’un avec le Fils. De là vient que le Fils à son tour dira : « Moi seul j’ai étendu les cieux, » parce que « les cieux ont été affermis par le Verbe. » Comme le ciel « a été affermi » par l’assistance de la Sagesse ou du Verbe, et