Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/227

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où nie-t-il donc qu’il soit seul ? « Mon Père qui m’a envoyé, et moi, dit-il. » N’est-ce pas là démontrer qu’ils sont deux, aussi réellement deux que réellement inséparables ? Je me trompe ; sa doctrine tout entière consistait à enseigner qu’ils étaient deux inséparablement unis. En effet, après avoir rappelé la loi qui déclare que le témoignage de deux hommes est digne de foi, il ajoute : « Je rends témoignage de moi-même, et le Père qui m’a envoyé rend témoignage de moi. » S’il était seul, tout à la fois et le Fils et le Père, il ne s’appuierait pas sur le patronage de la loi qui déclare légitime le témoignage, non pas d’un seul, mais de deux.

De même, quand on lui demande : « Où est ton Père ? » il répond : « Vous ne connaissez ni moi ni mon Père. » Preuve qu’il y en a deux qu’ils ne connaissent pas ; s’ils le connaissaient lui-même, ils connaîtraient le Père, non pas qu’il soit tout à la fois et le Fils et le Père, mais parce qu’en vertu de leur indivisibilité ils ne peuvent être ignorés ou connus l’un sans l’autre, « Celui qui m’a envoyé, dit-il, est véridique, et les choses que j’ai entendues de lui, je les dis au monde. » L’Ecriture nous explique ensuite qu’ils ne connurent point qu’il leur parlait du Père, quoiqu’ils eussent dû savoir que les paroles du Père étaient dans la bouche du Fils, puisqu’ils avaient lu dans Jérémie : « Et le Seigneur m’a dit : Voilà que j’ai mis ma parole sur tes lèvres ; » et dans Isaïe : « Le Seigneur m’a donné la langue de la sagesse, afin que je sache quand il faut parler. » Lui-même ne s’exprime pas autrement : « Vous connaîtrez alors ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je dis ces choses ainsi que mon Père m’a enseigné ; car celui qui m’a envoyé est avec moi. » Voilà un témoignage qu’ils sont deux, quoique indivisibles. De même, dans sa discussion avec les Juifs, quand il leur reproche de chercher à le mettre à mort : « Je vous dis ce que j’ai vu en mon Père ; et vous aussi, faites ce que vous avez vu dans votre Père. Maintenant, vous