Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/237

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ouvertement : Dieu viendra ; le Très-Haut vous couvrira de son ombre ? En disant l’Esprit de Dieu, quoique l’Esprit de Dieu soit Dieu, toutefois dès qu’il ne nomme pas directement Dieu, il a voulu donner à comprendre une partie du tout qui devait descendre sous le nom de Fils. Cet esprit de Dieu ne sera point autre que le Verbe. De même que dans ces paroles de Jean : « Le Verbe s’est fait chair, » nous entendons l’Esprit sous la dénomination de Verbe, de même ici, nous reconnaissons le Verbe sous le nom d’Esprit. L’Esprit, en effet, est la substance du Verbe, et le Verbe est l’opération de l’Esprit, et ces deux sont un. D’ailleurs, autre sera celui que Jean nous annonce comme s’étant incarné, et autre celui que l’ange nous annonce comme devant s’incarner, si l’Esprit n’est pas le Verbe et si le Verbe n’est pas l’Esprit. De même donc que le Verbe de Dieu n’est pas confondu avec celui dont il est le Verbe, de même de l’Esprit ; et quoiqu’il ait été appelé Dieu, il ne se confond pas néanmoins avec celui dont il est l’Esprit. Rien de ce qui appartient à un maître ne se confond avec la personne du maître. Sans doute, quand une chose sort de ce maître, et lui appartient par là même qu’elle sort de lui, cette même chose peut être telle que celui de qui elle sort et à qui elle appartient. Et voilà pourquoi l’Esprit de Dieu est Dieu, pourquoi le Verbe de Dieu est Dieu, parce que tout en procédant de Dieu, il n’est pas le même que celui dont il procède. S’il est Dieu de Dieu, comme substance réelle, il ne sera pas Dieu le Père lui-même, mais seulement Dieu, puisqu’il procède de sa substance, en tant qu’il est substance et une certaine partie d’un tout. A plus forte raison, la vertu du Très-Haut ne sera-t-elle point le Très-Haut lui-même, parce qu’elle n’est pas une substance comme l’Esprit, pas plus que sa sagesse et sa providence ; car ce ne sont pas là des substances, mais des accidents de chaque substance. La vertu est l’accident de l’Esprit, mais sans être l’Esprit lui-même. Ces choses donc, de quelque nature qu’elles soient, c’est-à-dire l’Esprit de Dieu, le Verbe