Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/236

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pu révéler qu’il était le Père, s’il l’avait été réellement. « Ne me touchez pas, lui dit-il, car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais allez voir mes frères ; » (remarquons-le ici, il prouve qu’il est le Fils, car il les aurait appelés ses fils s’il eût été le Père), « et dites-leur : Je monte vers mon Père et votre Père ; vers mon Dieu et votre Dieu. » Est-ce le Père qui remonte vers son Père et Dieu vers Dieu, ou bien, est-ce le Fils qui remonte à son Père, et le Verbe à Dieu ? Dans quel but l’Evangile, en terminant, déclare-t-il que ces choses ont été écrites, sinon « afin que vous croyez, est-il dit, que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. » Ainsi, torturer chacun de ces divers passages, pour y trouver la démonstration que le Père et le Fils se confondent dans une seule personne, c’est aller directement contre la sentence définitive de l’Evangile. Car ces choses n’ont pas été écrites pour que tu croies que Jésus-Christ est le Père, mais bien le Fils.

XXVI. Nous avons parcouru l’Evangile de Jean tout entier à cause de la question adressée par Philippe et de la réponse qui lui est donnée, afin qu’un seul mot qu’il faut interpréter conformément à tout le reste, plutôt qu’en opposition avec tout le reste et même contrairement à son propre sens, ne renverse pas tant d’oracles, si clairement exprimés, soit avant, soit après. D’ailleurs, pour ne pas invoquer ici le témoignage des autres évangiles qui confirment la même chose de la naissance du Seigneur, il suffit que celui qui devait naître d’une Vierge soit désigné formellement par l’ange qui l’annonce, comme le Fils de Dieu. « L’Esprit de Dieu viendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi le Saint qui naîtra de vous s’appellera le Fils de Dieu. »

Ici encore ils voudront raisonner, mais la vérité prévaudra. Sans doute, disent-ils, le Fils de Dieu est Dieu, et la vertu du Très-Haut est le Très-Haut. Et ils ne rougissent pas d’ajouter : Si cela était, l’Ecriture n’eût pas manqué de le dire. Qui donc l’ange craignait-il, pour qu’il n’ait pas dit