Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/239

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nombre indivisible de deux et de trois, ils ne laissent pas néanmoins de ramener à leur sentiment cette auguste économie, de sorte qu’ils distinguent dans une seule et même personne le Père et le Fils, soutenant ainsi que le Fils est la chair, c’est-à-dire l’homme, c’est-à-dire Jésus, et que le Père est l’Esprit, c’est-à-dire Dieu, c’est-à-dire le Christ. Et ceux qui prétendent que le Père et le Fils sont le même, commencent à les diviser bien plus qu’à les confondre. Si, en effet, autre est Jésus, autre est le Christ, le Fils sera différent du Père, puisque Jésus est le Fils et que le Christ est le Père. C’est sans doute à l’école de Valentin que, formés à la monarchie, ils ont appris à diviser Jésus et le Christ. Mais ce blasphème a été déjà réfuté par les passages qui précèdent, où nous prouvons que celui dont ils font le Père a été appelé le Verbe ou l’Esprit de Dieu, la vertu de Dieu, la vertu du Très-Haut. Ces choses ne sont pas les mêmes que celui dont elles sont les choses ; seulement elles dérivent de lui, et sont à lui. Cependant nous donnerons dans ce chapitre une autre réponse à l’objection.


L’ange, disent-ils, a déclaré que « le saint qui naîtrait, serait appelé le Fils de Dieu. » Ce qui est né, c’est la chair. Donc la chair sera le Fils de Dieu.


Erreur, répondrai-je. Ces paroles s’appliquent à l’Esprit de Dieu. Il est certain que la Vierge a conçu de l’Esprit saint ; ce qu’elle a conçu, elle l’a enfanté ; ce qui devait naître, c’est donc ce qui a été conçu, ce qui devait être enfanté, c’est-à-dire l’Esprit « de celui dont le nom serait Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous. » Or, ce n’est pas la chair qui est Dieu, pour qu’il ait été dit de la chair : « Ce qui naîtra, sera appelé le Fils de Dieu ; » mais ce qui est Dieu, c’est celui qui est né en elle, et dont le psalmiste a chanté l’Incarnation : « Un Dieu-homme est né en elle ; il l’a édifiée par la volonté de son Père. » Quel est donc le Dieu qui naquit en elle ? Le Verbe et l’Esprit qui, avec le Verbe, est né de la volonté du Père. Conséquemment c’est le Verbe qui s’est incarné, puisqu’il ne reste plus qu’