Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/291

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elles appartiennent à lui seul, imitent leur exemple et se rendent à elles.

Nous sommes scandalisées, disent les filles mondaines, de ce que d’autres marchent voilées ; et elles aiment mieux s’en scandaliser que de les imiter. Le scandale, si je ne me trompe, n’est pas l’exemple d’une bonne chose, mais d’une mauvaise qui porte au péché. Les bonnes choses ne scandalisent que les esprits pervers. S’il est vrai que la modestie, la pudeur, le mépris de la gloire, le désir de plaire à Dieu soient des choses bonnes, tous ceux qui se scandalisent d’un tel bien reconnaissent que le mal est en eux. Quoi donc ? si les incontinents prétendent que la continence les scandalise, faudra-t-il supprimer la continence ? Faudra-t-il supprimer le veuvage, de peur de scandaliser ceux qui se marient plusieurs fois ? Pourquoi les saintes filles ne se plaindraient-elles pas plutôt que le peu de réserve de celles qui font parade de leur virginité devienne pour elles un sujet de scandale ? Faudra-t-il donc qu’à cause de ces filles qui se mettent en vente, les saintes vierges soient traînées à l’église, rougissant d’avoir été vues sur le chemin, tremblant d’être découvertes, comme si on les avait appelées pour le déshonneur ? Elles ne haïssent pas moins l’un que l’autre. Toute vierge qui se montre subit une sorte de prostitution. Toutefois, souffrir violence dans sa chair est quelque chose de moins, parce que la faiblesse n’a pu la repousser. Mais si c’est l’esprit lui-même qui est violé dans la vierge, par la disparition du voile, elle a appris à perdre ce qu’il protégeait. O mains sacrilèges, qui ont pu arracher un vêtement consacré au Seigneur ! Qu’aurait fait de plus un persécuteur, s’il avait su que le voile est le témoignage de la vierge ? Depuis que vous avez découvert la tête de cette fille, elle n’est plus vierge tout entière à ses propres yeux ; elle est devenue différente d’elle-même. Lève-toi, ô vérité ! lève-toi ! brise les liens qui le retiennent ; je ne veux plus que tu défendes aucune coutume ; car déjà celle à l’ombre de laquelle tu jouissais