Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/344

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ne promet pas aux Chrétiens, après leur sortie du siècle, la réunion des époux, puisqu’ils seront transformés en la substance angélique et en auront la pureté. Par conséquent aucune de ces jalouses sollicitudes qu’éveille la concupiscence de la chair, ne réclamera au jour de la résurrection la femme de l’Evangile, qui épousa sept maris ; aucun d’eux ne l’attend pour lui adresser des reproches. La difficulté des Sadducéens s’est évanouie devant la réponse du Sauveur. Ainsi, que je vous conseille la viduité pour me réserver l’intégrité de votre chair, et que ma jalousie redoute un affront, ne le pensez pas. Alors il ne sera plus question entre nous de honteux plaisirs. Dieu promettrait-il à ses élus des voluptés si frivoles et si impures ? Mais puisque ces avertissements peuvent vous profiter, à vous ou à toute femme qui appartient au Seigneur, permettez-moi de les développer.

II. Nous sommes loin de le contester. L’union de l’homme et de la femme a été bénie par Dieu, comme la pépinière du genre humain, imaginée et permise pour peupler l’univers et remplir le siècle, pourvu toutefois qu’elle demeure unique. Adam était le seul mari d’Eve ; Eve fut la seule femme d’Adam, parce que Dieu l’avait seule tirée de sa côte. Sans doute les anciens et les patriarches eux-mêmes épousaient plusieurs femmes et avaient en outre des concubines. Mais sans répondre ici que la synagogue était la figure de l’Église, et nous bornant à une interprétation plus simple, il fut nécessaire d’établir bien des choses qui devaient être retranchées ou réformées dans la suite des temps ; car la loi mosaïque était attendue : il fallait marcher à son accomplissement à travers les ombres et les imperfections. A la loi mosaïque devait succéder le Verbe de Dieu, qui introduirait la circoncision spirituelle. Ce n’étaient donc là que des institutions provisoires, autorisées alors par la condescendance de Dieu ; mais qui, appelant une réforme postérieure, ont été retranchées comme superflues ou coordonnées entre elles, soit par le Seigneur, dans