Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/357

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soi-même ! D’ailleurs il est évident que ce texte s’adresse à ceux que la foi a surpris dans un mariage contracté avec un infidèle, comme l’indiquent clairement ces mots : « Si un mari fidèle a une femme infidèle, » dit-il, et non pas : Si « quelqu’un prend une femme infidèle. » L’Apôtre nous montrait par là que l’homme déjà uni à la femme infidèle doit demeurer avec son épouse, après que la grâce de Dieu l’a converti, de peur sans doute que le Chrétien qui venait d’embrasser la foi ne se crût obligé de quitter une femme qui lui était devenue pour ainsi dire étrangère par la croyance. Voilà pourquoi il donne ensuite la raison de ce précepte : « Le Seigneur nous a appelés dans la paix, dit-il ; l’infidèle peut être gagné par le fidèle dans le lien du mariage. » D’ailleurs, le verset qui termine confirme l’exactitude de cette interprétation. « Que chacun, dit-il, demeure dans la vocation où il était quand Dieu l’a appelé. » Qui sont ceux qui sont appelés ? Les Gentils, j’imagine, et non pas les infidèles. S’il n’avait prétendu parler que du mariage des fidèles, il eût permis aux saints de se marier indistinctement. S’il l’avait permis, jamais il n’eût imposé une restriction en contradiction si évidente avec sa première déclaration : « La femme dont le mari meurt est libre ; qu’elle se marie à qui elle voudra, pourvu que ce soit dans le Seigneur. »

Ici point de discussion assurément. Car l’Esprit saint lui-même a prévu toutes les objections. En effet, de peur que nous n’abusions de ces mots « qui elle voudra, » il ajoute aussitôt : « pourvu que ce soit dans le Seigneur, » c’est-à-dire dans le nom du Seigneur, ce qui signifie indubitablement dans le nom chrétien. Ainsi l’Esprit saint, qui aimerait mieux que les veuves et celles qui ne sont pas encore mariées, gardassent la continence, et nous exhorte à suivre son exemple, ne permet les seconds mariages que « dans le Seigneur, » seule condition qu’il attache à l’infraction de la continence. « Pourvu que ce soit dans le Seigneur, » dit-il. Pourvu que ajoute à la loi une grande