Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/358

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force. Pressez cet oracle ! torturez-le tant que vous voudrez, il demeure éminemment obligatoire ; il ordonne et il conseille ; il prescrit et il exhorte ; il supplie et il menace. Sentence claire et formelle ! sentence éloquente par sa brièveté même ! Ainsi procède la parole divine, qui veut être pratiquée aussitôt que comprise. Qui, en effet, ne comprendra facilement combien de dangers et de blessures pour la foi l’Apôtre a voulu prévenir en défendant ces sortes de mariages ? Il a voulu d’abord qu’une chair sanctifiée ne fût point souillée par celle d’un Gentil.

Mais, dira-t-on, quelle si grande différence y a-t-il entre celui qui est appelé au christianisme pendant qu’il est uni à une infidèle, et celui qui était Chrétien par le passé, c’est-à-dire avant son mariage, pour qu’ils n’aient pas à se prémunir contre la même souillure ? pour qu’à l’un il soit interdit d’épouser une infidèle, et qu’à l’autre il soit enjoint de rester avec celle qu’il a ? Pourquoi, si le mariage avec l’infidèle est une souillure, celui-ci n’est-il pas séparé comme celui-là est sous le coup d’une défense ?

A cela je répondrai, avec l’aide du Saint-Esprit, d’abord que le Seigneur aime mieux que le mariage ne soit pas contracté, que de le voir dissoudre ensuite. D’ailleurs il défend le divorce, si ce n’est dans le cas d’adultère ; encore recommande-t-il de part et d’autre la continence. L’un est donc dans l’obligation de rester avec sa femme quoique infidèle, l’autre n’a pas même la liberté de l’épouser. En second lieu, si, conformément aux saintes Ecritures, ceux que la foi chrétienne surprend dans un mariage infidèle, sont exempts de souillures, parce qu’ils sont alors la sanctification de l’époux infidèle, il est alors hors de doute que ceux qui sont sanctifiés avant le mariage, s’ils viennent à s’unir à une chair étrangère, ne peuvent sanctifier une chair dans laquelle la foi ne les a point trouves. La grâce de Dieu ne sanctifie que ce qu’elle trouve. Qu’arrive-t-il ? Ce qu’elle ne sanctifie point est immonde ; ce qui est immonde n’a rien de commun avec la sainteté,