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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/453

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DE LA PUDICITÉ.

I. La pudicité est la fleur des mœurs, l’honneur du corps, la gloire des deux sexes, l’intégrité du sang, la garantie de l’espèce humaine, le fondement de la sainteté, le préjugé de toute vertu. Quoiqu’elle soit rare, difficilement parfaite, et à peine durable, elle demeurera cependant quelque temps dans le monde, si elle est préparée par la nature, persuadée par la discipline, contenue par la censure. En effet, toute vertu est le fruit de la naissance, de l’éducation ou de la contrainte. Mais, comme les maux l’emportent, ce qui est le caractère des derniers temps, il s’ensuit que les biens ne peuvent plus naître, grâce à la corruption des semences, ni se développer par l’éducation, grâce à l’abandon des études, ni être contraints, grâce au relâchement des lois. En un mot, la vertu dont il s’agit est tellement tombée en désuétude, que l’on fait consister la pudicité, non plus à triompher de la passion, mais à en modérer la fougue ; et que pour avoir la réputation de chasteté, il faut bien peu de chasteté. Mais laissons la pudicité du siècle avec le siècle lui-même ; qu’elle naisse avec son esprit, qu’elle se forme à son école, ou qu’elle soit contrainte par sa servitude, qu’importe ? Je me trompe, elle eût été plus malheureuse encore si elle eût subsisté, puisqu’elle fût demeurée stérile, comme ne faisant rien pour Dieu. Je préfère l’absence d’un bien à un