Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/454

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bien inutile. Que sert-il d’être ce qui n’est pas profitable ? On s’attaque à l’essence même de nos biens ; on ébranle le fondement de la pudicité chrétienne, qui tire du ciel tout ce qui la caractérise, et sa nature par le bain de la régénération, et sa règle par l’instrument de la prédication, et sa censure par les jugements empruntés à l’un et à l’autre Testaments, soutenue d’ailleurs dans ses efforts par la crainte et l’attente du feu éternel ou du royaume.

N’aurais-je pas pu, moi aussi, étouffer la vérité sur ce point ? J’apprends qu’un édit est affiché, et même qu’il est péremptoire. Le souverain Pontife [1], c’est-à-dire l’évêque des évêques, parle en ces termes : « Quant à moi, je remets le péché de l’adultère et de la fornication à ceux qui ont fait pénitence. » O édit, sur lequel on ne pourra écrire : Bonne action ! Et où affichera-t-on cette libéralité ? sur les portes des passions, j’imagine, et au-dessous de l’enseigne des passions. Une pareille pénitence doit se promulguer là où réside l’impudicité. Il faut lire son pardon là où l’on entrera avec l’espérance de son pardon. Mais quoi ! c’est à la porte de l’église qu’on le lit ! c’est dans l’église qu’on le proclame ; et elle est vierge ! Loin, loin de l’épouse du Christ une telle publication ! Celle qui est véritable, qui est pudique, qui est sainte, empêchera la souillure d’arriver même à ses oreilles. Elle n’a point de fornicateurs auxquels elle promette cette grâce. En eût-elle, elle ne la promettrait pas, parce que « le temple de Dieu, élevé par la main des hommes, a été appelé une caverne de voleurs, » plutôt que d’adultères et de fornicateurs.

Ce traité contre les Psychiques, et même contre l’opinion que j’ai partagée quand j’étais dans leur société, leur fournira une nouvelle raison pour m’accuser de légèreté. Jamais la répudiation d’une alliance n’est une présomption

  1. Le pape saint Zéphyrin.