Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/457

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il se plaît à pardonner ; il est abondant en miséricorde, il la préfère à tous les sacrifices ; il aime mieux le repentir du pécheur que sa mort ; » il sauve tous les hommes, et surtout les fidèles. Il faudra donc que les enfants de Dieu aiment aussi la miséricorde et la paix ; « se pardonnant mutuellement comme Dieu nous a pardonné ; ne jugeant pas pour n’être pas jugés ; car si le serviteur tombe ou demeure ferme, cela regarde son maître ; qui êtes-vous pour oser ainsi condamner le serviteur d’autrui ? Pardonnez, et il vous sera pardonné. »

Voilà par quels prétextes frivoles ils se prévalent de la bonté de Dieu et s’endorment dans leur mollesse, cherchant plutôt à énerver qu’à fortifier la discipline ; mais nous pouvons les réfuter par autant de textes contraires, qui proclament la sévérité de Dieu et nous invitent à la fermeté. En effet, quoique Dieu soit bon par nature, il est juste néanmoins. Voilà pourquoi, s’il sait guérir, il sait aussi perdre ; « s’il donne la paix, il envoie aussi les maux ; s’il préfère le repentir, » il défend aussi à Jérémie d’intercéder pour le peuple pécheur. « Lorsqu’ils jeûneront, dit-il, je n’exaucerai pas leurs prières ; » et ailleurs : « Prophète, ne prie pas pour ce peuple ; n’élève pas pour lui tes hymnes et tes supplications, parce que je ne l’exaucerai pas au jour de ses cris vers moi, au jour de son affliction. » Plus haut encore ce même Dieu, qui préfère la miséricorde au sacrifice, parle ainsi : « Toi donc, ne prie pas pour ce peuple ; ne me demande pas de lui faire miséricorde, et ne viens pas me supplier pour lui, parce que je ne t’exaucerai point ; » c’est-à-dire, quand il implorera ma miséricorde, quand il fera pénitence dans les larmes et le jeûne, quand il m’offrira le sacrifice de son affliction. « Dieu en effet est un Dieu jaloux, et dont ne peuvent se moquer » ceux qui présument trop de sa bonté. Il a beau être patient, il n’en menace pas moins, par la bouche d’Isaïe, de mettre un terme à sa patience. « Jusqu’ici je me suis tu, dit-il ; me tairai-je toujours ?