Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/475

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fois à cette table, d’où sont arrachés par les bourreaux pour être ensuite jetés dans les ténèbres, nus et dépouillés, les convives qui se sont présentés sans la robe nuptiale.

Ici donc la difficulté redouble, puisqu’il n’est pas même expédient que la parabole de l’Enfant prodigue s’applique au Chrétien. D’autre part, si l’image de Fils ne s’applique qu’imparfaitement au Juif, il faudra en chercher l’interprétation naturelle dans le dessein général que se proposait le Seigneur. Jésus-Christ était venu pour sauver ce « qui avait péri, et le médecin est plus nécessaire à ceux qui sont malades qu’à ceux qui se portent bien. » Voilà ce qu’il figurait dans ses paraboles ; voilà ce qu’il prêchait dans ses maximes. Quel est l’homme qui périt ? qui perd la santé, sinon celui qui ne connaît pas Dieu ? Qui est sain, qui est sauvé, sinon celui qui connaît Dieu ? Ce sont là deux espèces de choses qui sont sœurs et que désignera aussi la parabole dont il s’agit. Remarque-le, en effet. Le païen a-t-il conservé le bien de sa naissance en Dieu le Père, ainsi que ces trésors de sagesse et de lumières naturelles pour connaître Dieu, et dont l’Apôtre a dit : « Le monde avec sa propre sagesse n’a pu connaître la sagesse de Dieu, » sa propre sagesse, c’est-à-dire celle qu’il avait reçue de Dieu. Il la dissipa donc en s’éloignant du Seigneur par ses désordres, et en se jetant au milieu des erreurs, des passions et des voluptés du monde, où, pressé par la faim de la vérité, il se livra au prince du siècle. Celui-ci lui donna des pourceaux à garder, troupeau familier des démons, parmi lesquels, privé de la nourriture qui soutient la vie, il voyait tous ceux qui vaquaient à l’œuvre de Dieu, posséder l’abondance du pain céleste. Il se souvient donc du Dieu qui est son père ; il revient à lui après avoir satisfait à sa justice, et se couvre de son premier vêtement, je veux parler de cet état qu’Adam avait perdu par sa prévarication. Il reçoit aussi pour la première fois cet anneau par lequel le néophyte, interrogé au baptême, signe les