Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/514

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et je reconnaîtrai la divinité qui agit par ton bras, puis revendique le pouvoir de remettre les prévarications de cette nature. Mais, si tu n’es chargé que du maintien de la discipline, chef de l’Église, moins pour commander que pour obéir, qui es-tu donc, et quels sont tes droits pour accorder le pardon, toi qui, ne te montrant ni prophète ni apôtre, n’as pas la vertu de celui auquel il appartient de pardonner ?

— L’Église a le pouvoir de remettre les péchés, diras-tu. — Je lui reconnais ce droit autant et plus que toi, moi qui reconnais dans les prophètes nouveaux[1] le Paraclet dont la sagesse me dit : l’Église a le pouvoir de remettre les péchés ; seulement je n’en userai pas, de peur que l’on n’en profite pour pécher encore.

Diras-tu que c’est là le langage d’un faux prophète ? Loin de là ! Il eût bien mieux convenu à un destructeur de la Foi, d’accréditer sa doctrine par des maximes d’indulgence, et d’incliner les autres au péché. Si donc il a prononcé cette sentence conformément à l’Esprit de vérité, l’Esprit de vérité, tout en pouvant accorder aux fornicateurs leur pardon, ne le veut pas à cause du mal qu’il ferait au plus grand nombre.

Maintenant, je prends acte de ta déclaration, pour te demander à quel titre tu usurpes le droit de l’Église. Si de ce que le Seigneur a dit à Pierre : « Je bâtirai mon Église sur cette pierre ; Je t’ai donné les clefs du royaume des Cieux, » ou bien : « Tout ce que lu lieras ou délieras sur la terre, sera lié ou délié dans les cieux ; » tu t’imagines orgueilleusement que la puissance de lier et de délier est descendue jusqu’à toi, c’est-à-dire à toute l’Église, qui est en communion avec Pierre, quelle est ton audace de pervertir et de ruiner la volonté manifeste du Seigneur, qui ne conférait ce privilège qu’à la personne de Pierre ? « C’est sur toi que je bâtirai mon Église, » lui dit-il ; c’

  1. Montan et Prisca.