Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/515

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est à toi que je donnerai les clefs, » et non à l’Église. « Tout ce que tu lieras ou que tu délieras ; etc. » mais non pas tout ce qu’ils lieront ou délieront.

Les événements confirment cette vérité. C’est en lui, c’est-à-dire par lui que l’Église a été édifiée ; c’est lui qui en reçoit la clef ; et quelle clef ! Ecoute : « Hommes d’Israël, entendez ces paroles : Jésus de Nazareth a été immolé par vous, etc. » En un mot, c’est lui qui, le premier, ouvrit pat le baptême en Jésus-Christ l’entrée du royaume des Cieux, où sont déliées les prévarications qui autrefois avaient été liées, et où demeurent liées celles qui n’ont pas été déliées ici-bas ; lui enfin qui enchaîna Ananias dans les liens de la mort, et délivra le paralytique de l’infirmité qui le travaillait. Mais voilà mieux. Dans la discussion qui s’éleva pour savoir s’il fallait garder ou non la loi mosaïque, Pierre se lève le premier, sous l’inspiration de l’Esprit saint, et le premier proclame la vocation des Gentils. « Maintenant donc, s’écrie-t-il, pourquoi tentez-vous Dieu, » imposant à ses disciples un joug que « nos pères ni nous n’avons su porter ? Nous croyons que nous serons sauvés par la grâce du Seigneur Jésus-Christ, comme eux. » Cette déclaration nous affranchit des obligations de la loi qu’elle abroge, et nous enchaîne à celles qu’elle conserve. Tant il est vrai que le pouvoir de lier et de délier, accordé à Pierre, n’implique pas la rémission des prévarications capitales commises par les fidèles. En lui prescrivant « de remettre à son frère ses dettes jusqu’à septante fois sept fois, » c’était lui ordonner de ne rien lier ou retenir, à moins qu’il n’eût péché contre le Seigneur, et non pas contre son frère. De la rémission accordée aux péchés contre l’homme sort la présomption que les péchés contre Dieu ne doivent pas être pardonnes. Qu’y a-t-il là maintenant de commun avec l’Église, et surtout avec la tienne, ô Psychique ? Ce pouvoir, en effet, n’appartiendra, depuis la personne de Pierre, qu’aux hommes spirituels, à l’Apôtre ou au prophète.