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Page:Tertullien - Œuvres de Tertullien, édition Charpentier, 1844.djvu/133

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Ils sapent cette vertu par ses fondements, en tâchant de détruire ce qui en fait comme le caractère essentiel. Rien ne leur paraît plus étrange ni plus incroyable, que de voir d’une part la matière très-simple dont Dieu veut se servir dans ses ouvrages divins, et de l’autre les magnifiques effets qu’il y attache. Tel est notre baptême ; tout y paraît simple, nul appareil, nulle pompe, nulle magnificence. Ainsi parce qu’un homme est simplement plongé dans l’eau et lavé dans le temps qu’on prononce quelque peu de paroles, on veut d’autant moins se persuader que cet homme puisse par ce moyen obtenir la vie éternelle, qu’il ne paraît sortir de ce bain ni plus pur ni plus net. Parmi les idolâtres au contraire, il paraît peut-être quelque chose de mieux concerté : appareil, pompe, dépense, voilà ce qui frappe et qui inspire du respect et de la vénération pour leurs mystères et pour les fêtes de leurs idoles. Malheureuse incrédulité, qui refuse de reconnaître en Dieu ses propriétés principales, savoir, la simplicité et la puissance ! Quoi, répondra quelqu’un, n’est-il pas étrange qu’avec un peu d’eau la mort puisse être détruite ? Et c’est pour cela même qu’il faut d’autant plus le croire que l’effet est plus merveilleux ; car quels doivent être les ouvrages de Dieu, que des ouvrages au-dessus de toute conception ? Pour nous, nous les admirons ; mais c’est parce que nous croyons. Les esprits forts les admirent aussi, mais sans croire. Ils regardent les choses simples comme des choses inutiles, et les magnifiques comme impossibles. Si vous êtes dans cette fausse opinion, l’oracle divin suffit pour vous détromper. Dieu a choisi des hommes simples selon le monde, pour confondre la sagesse du monde : et ce qui est très-difficile aux hommes est très-facile à Dieu. En effet, si Dieu est très-sage et très-puissant, comme tout le monde en convient, il doit avoir employé pour la matière de ses ouvrages ce qui nous semble opposé à la sagesse et à la puissance, c’est-à-dire ce qui nous paraît folie ou impossibilité. Jamais les choses ne paraissent avec plus d’éclat que quand elles sont opposées à leurs contraires. |p