Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/100

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nous révolter, en nous séparant simplement de vous, vous combattre par ce haineux divorce. Car si, formant une si grande multitude d’hommes, nous avions rompu avec vous pour aller nous établir dans quelque coin retiré de la terre, la perte de tant de citoyens, quels qu’ils soient, eût assurément couvert de honte les dominateurs du monde, que dis-je ? cet abandon eût suffi, à lui seul, pour les punir. — 7. Sans aucun doute, vous eussiez été épouvantés devant votre solitude, devant le silence du monde et cette sorte d’engourdissement où la terre entière, comme morte, serait tombée. Vous eussiez pu chercher à qui commander ; il vous serait resté plus d’ennemis que de citoyens. — 8. Maintenant, en effet, vos ennemis sont moins nombreux que les citoyens, à cause de la multitude des chrétiens, qui sont presque tous citoyens. Et ces chrétiens, presque tous citoyens, vous avez préféré les considérer comme ennemis et leur donner le nom d’ennemis du genre humain plutôt que de l’erreur humaine !

9. Qui donc vous arracherait à ces ennemis cachés, qui, partout et toujours, ravagent vos esprits et vos santés, je veux dire aux démons, que nous chassons de vos corps sans demander ni récompense, ni salaire ? II aurait suffi pour notre vengeance de vous abandonner à ces esprits immondes comme un bien désormais sans maître. — 10. Or, sans même songer à récompenser un secours si précieux, sans vous dire que, loin de vous être à charge, notre race vous est nécessaire, vous avez préféré nous traiter en ennemis. Ennemis, nous le sommes assurément, non pas du genre humain, mais plutôt de l’erreur humaine !