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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/99

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de fois, sans votre permission, une populace hostile ne s’est-elle pas ruée sur nous, de son propre mouvement, avec des pierres et des torches enflammées ? Avec une fureur pareille à celle des Bacchanales, on n’épargne pas même les chrétiens morts : on arrache du repos de la sépulture, de cette sorte d’asile de la mort des cadavres déjà décomposés, déjà méconnaissables, on les déchire et on les met en pièces. — 3. Et pourtant, quelles représailles pour de tels outrages avez-vous à reprocher à ces gens si unis, si pleins de courage jusqu’à la mort, alors qu’une seule nuit, avec quelques petites torches, suffirait pour assouvir largement notre vengeance, s’il était permis chez nous de rendre le mal pour le mal ? Mais loin de nous la pensée qu’une religion divine se serve pour se venger, d’un feu allumé par des hommes, ou qu’elle gémisse de souffrir des tourments qui démontrent sa divinité.

4. En effet, si nous voulions agir, je ne dis pas en vengeurs secrets, mais en ennemis déclarés, le nombre des bataillons et des troupes nous ferait-il défaut ? Dira-t-on que les Maures, les Marcomans et les Parthes eux-mêmes, ou que n’importe quel peuple, si grand soit-il, qui après tout est renfermé dans un seul pays et dans ses frontières, sont plus nombreux qu’une nation à qui appartient la terre entière ? Nous sommes d’hier, et déjà nous avons rempli la terre et tout ce qui est à vous : les villes, les îles, les postes fortifiés, les municipes, les bourgades, les camps eux-mêmes, les tribus, les décuries, le palais, le sénat, le forum ; nous ne vous avons laissé que les temples ! — 5. Pour quelle guerre nous aurait manqué ou la force ou le courage, même si nous étions inférieurs en nombre, nous qui nous laissons égorger si volontiers, si notre loi ne nous défendait pas de tuer plutot que d’être tué ?

6. Nous aurions pu, sans courir aux armes et sans