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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/113

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Chapitre XLIV

1. Mais, en vérité, voici une perte aussi grande que réelle pour la république et cependant personne n’y prête attention, voici un tort fait à l’État et personne ne s’en soucie : c’est qu’en nous tant de justes sont sacrifiés ! c’est qu’en nous tant d’innocents sont mis à mort ! — 2. En effet, nous prenons à témoin vos propres registres, vous qui, chaque jour, présidez au jugement de tant de prisonniers, vous qui terminez par vos arrêts de condamnation tant de procès ! Innombrables sont les criminels qui défilent devant vous, sous les chefs d’accusation les plus variés : or, sur vos listes, quel est l’assassin, quel est le coupeur de bourses, quel est le sacrilège ou le suborneur ou le voleur de bains, qui soit en même temps chrétien ? Ou bien, parmi ceux qui vous sont déférés sous l’accusation d’être chrétiens, qui donc ressemble à ces criminels ? — 3. C’est des vôtres que toujours les prisons regorgent ; c’est des gémissements des vôtres que toujours les mines retentissent ; c’est des vôtres que toujours les bêtes du cirque sont engraissées ; c’est parmi les vôtres que les organisateurs de spectacles recrutent les troupeaux de criminels qu’ils nourrissent ! Aucun chrétien ne se trouve là, à moins qu’il ne soit que chrétien ; ou bien, s’il est coupable d’un autre crime, il n’est plus chrétien.


Chapitre XLV

1. Seuls donc, nous sommes innocents ! Qu’y a-t-il là d’étonnant, si c’est une nécessité. Et en vérité, c’est une nécessité. L’innocence, nous l’avons apprise de Dieu lui-même : d’une part, nous la connaissons 2 parfaitement,