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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/117

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rupteurs simulent en ennemis, et qu’ils corrompent en la simulant, parce qu’ils n’ont pas d’autre but que la gloire, les chrétiens la recherchent par nécessité et la professent dans son intégrité, parce qu’ils ne songent qu’à leur salut. — 8. Aussi, ni pour la science ni pour la discipline, on ne peut pas, comme vous le pensez, nous mettre sur un pied d’égalité. Qu’est-ce que Thalès, ce prince des physiciens, a pu répondre de positif à Crésus, qui l’interrogeait sur la divinité ? Il éluda plusieurs fois le délai qu’il avait demandé pour réfléchir. — 9. Dieu, le dernier des artisans chrétiens le connaît, le fait connaître aux autres, et, par sa vie même, il affirme tout ce qui, pour les philosophes, n’est qu’un objet de recherches sur Dieu. Libre à Platon de déclarer qu’il n’est pas facile de connaître l’architecte de l’univers, et que, quand on le connaît, il est encore difficile de l’expliquer à tout le monde !

10. D’autre part, si on nous le dispute pour la chasteté, je vous lis un extrait de la sentence prononcée par les Athéniens contre Socrate : il est condamné comme « corrupteur des jeunes gens ». Un chrétien ne change pas même de femme. Je connais aussi la courtisane Phryné et ses relations avec le philosophe Diogène ; et je vois qu’un certain Speusippe, de l’école de Platon, fut tué en flagrant délit d’adultère. Un chrétien n’est homme que pour sa femme. — 11. Démocrite, en se crevant les yeux, parce qu’il ne pouvait voir une femme sans concupiscence, et parce qu’il souffrait, si elle ne lui appartenait pas, avoue hautement son incontinence par la peine qu’il s’inflige. Un chrétien, tout en conservant ses yeux, ne voit pas les femmes ; son âme est aveugle à l’égard de la passion. — 12. Discutons-nous au sujet de la modestie ? Voici que Diogène, de ses pieds crottés, foule les orgueilleux tapis de Platon, avec un autre orgueil. Un 6