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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/129

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quand même, vaincue par la douleur, elle l’aurait voulu. — 9. Zénon d’Elée, interrogé par Denys sur ce que pouvait donner la philosophie, répondit : « Le mépris de la mort », et, impassible sous les verges du tyran, il scella sa réponse do son sang, jusqu’à la mort. On le sait, la flagellation des jeunes Lacédémoniens, rendue plus cruelle par la présence et les exhortations de leurs proches, vaut à la maison de chacun une gloire d’autant plus grande qu’elle a fait couler plus de sang.

10. O gloire légitime, parce qu’humaine ! On ne l’impute ni à un préjugé furieux, ni à une croyance désespérée, malgré son mépris de la mort et des atrocités de tout genre. Pour la patrie, pour le territoire, pour l’empire, pour l’amitié, il est. permis de souffrir ce qu’il est défendu de souffrir pour Dieu ! — 11. En l’honneur de tous ceux-là vous fondez des statues de bronze, vous dédiez des portraits, vous gravez des inscriptions pour les immortaliser ! Vous donnez vous-mêmes à ces morts, autant que les monuments vous permettent de le faire, naturellement, une sorte de résurrection ! Et celui qui espère de Dieu la résurrection véritable, s’il souffre pour Dieu, est un insensé !

12. Mais courage, bons gouverneurs, qui devenez beaucoup meilleurs aux yeux du peuple, si vous lui immolez des chrétiens, tourmentez-nous, torturez-nous, condamnez-nous, broyez-nous ! C’est une preuve de notre innocence que votre iniquité ! Et voilà pourquoi Dieu supporte que nous supportions ces tribulations. Car naguère encore, en condamnant une chrétienne à la maison de débauche plutôt qu’au lion 8, vous avez reconnu que la perte de la pudeur est regardée chez nous comme un mal plus atroce que toute espèce de châtiment et que toute espèce de mort. — 13. Mais elles 8