si un homme consulté sur lui n’en avait pas voulu et si, en n’en voulant pas, il l’avait condamné.
4. Les dieux domestiques, que vous appelez Lares, vous les soumettez, en effet, à l’autorité domestique : vous les engagez, vous les vendez, vous les changez, faisant parfois une marmite d’un Saturne, une écumoire d’une Minerve, à mesure qu’ils se sont usés ou cassés par les hommages mêmes qu’ils ont longtemps reçus, ou quand le maître a senti que la nécessité domestique était plus sainte qu’eux. — 5. Quant à vos dieux publics, vous les outragez de même avec l’autorité du droit public : dans la salle d’enchère, ils sont déclarés tributaires. On se rend au Capitole, comme au marché aux légumes ; de part et d’autre, on entend la voix du crieur, une pique est plantée en terre, et le questeur prend note : la divinité est adjugée au plus offrant ! — 6. Et pourtant les terres chargées de tributs perdent de leur prix, les hommes soumis à l’impôt de la capi-tation perdent de leur estime, car ce sont là des marques de captivité. Au contraire, plus les dieux paient de tributs, plus ils sont saints ; ou plutôt, plus ils sont saints, plus ils paient de tributs. Leur majesté devient l’objet d’un trafic infâme ; la religion fait le tour des cabarets en mendiant. Vous exigez qu’on paie, tant pour entrer dans l’enceinte sacrée, tant pour avoir accès à l’autel du sacrifice ; on ne peut pas connaître les dieux pour rien, ils sont à vendre.
7. Pour honorer vos dieux, que faites-vous donc que vous ne fassiez aussi pour honorer vos morts ? Vous leur élevez des temples tout comme aux morts, des autels tout comme aux morts. Même attitude et mêmes insignes dans les statues des uns et des autres : le mort, devenu dieu, garde son âge, sa profession, son occupation. Quelle différence y a-t-il entre le banquet de Jupiter et le repas funèbre, entre le vase à sacrifice