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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/51

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6. Mais assurément vos dieux ne sentent pas ces outrages et ces affronts qu’ils subissent pendant qu’on les fabrique, pas plus qu’ils ne sentent les hommages qu’on leur rend. « Paroles impies, injures sacrilèges », dites-vous. Frémissez, écumez de colère ! C’est vous-mêmes qui applaudissez un Sénèque parlant de votre superstition plus longuement et en termes plus amers. — 7. Si donc nous n’adorons pas les statues et les images glacées, tout à fait semblables aux morts qu’elles représentent, et qui ne trompent pas les milans, les souris et les araignées, le fait de répudier une erreur après l’avoir reconnue ne méritait-il pas plutôt des éloges qu’un châtiment ? En effet, pouvons-nous passer pour offenser des dieux qui, nous en sommes certains, n’existent pas ? Ce qui n’existe pas ne peut souffrir de la part de personne, parce qu’il n’existe pas.


Chapitre XIII

1. « Mais, dit-on, pour nous ce sont des dieux. » - Comment se fait-il, d’autre part, qu’on vous trouve impies, sacrilèges, irrespectueux envers vos dieux ? que vous négligiez ces dieux dont vous affirmez l’existence, que vous détruisiez ces dieux que vous craignez, que vous vous moquiez de ces dieux dont vous vous constituez même les vengeurs ? — 2. Jugez si je ne dis pas la vérité. D’abord, comme chacun de vous adore ses dieux, vous offensez certainement ceux que vous n’adorez pas. La préférence accordée à l’un ne peut exister sans un affront pour un autre, car il n’y a pas de choix sans réprobation. — 3. Vous méprisez donc ceux que vous réprouvez et que vous ne craignez pas d’offenser en les réprouvant. En effet, comme je l’ai dit plus haut en passant, le sort de chaque dieu dépendait du jugement du sénat. Un dieu n’était pas dieu,