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garda son testament, puisque, le 20 janvier, aussitôt qu’il se trouva seul avec M. Edgeworth de Firmont, le digne confesseur de son choix, il tira de sa poche ce même testament cacheté, dont il rompit le sceau, en lui disant : Voici un écrit que je suis bien aise de vous communiquer. « Tous ceux qui ont lu cette pièce intéressante et si digne d’un Roi chrétien, ajoute M. de Firmont, jugeront aisément de l’impression profonde qu’elle dut faire sur moi. Mais ce qui les étonnera sans doute, c’est que ce prince eut la force de la lire lui-même, et de la lire jusqu’à deux fois. Sa voix était ferme, et il ne paraissait d’altération sur son visage que lorsqu’il rencontrait des noms qui lui étaient chers. Alors toute sa tendresse se réveillait, il était obligé de s’arrêter un moment, et ses larmes coulaient malgré lui ; mais, lorsqu’il n’était question que de lui-même et de ses malheurs, il n’en paraissait pas plus ému que ne le sont communément les autres hommes lorsqu’ils entendent le récit des maux d’autrui. »

Le 21 janvier, au moment de quitter le Temple pour la dernière fois, le Roi, s’adressant à ceux qui l’entouraient, leur dit : Y a-t-il parmi vous quelque membre de la Commune ? Je le charge d’y déposer cet écrit. Sur leur réponse, il l’offrit d’abord à un municipal, qui le refusa avec dureté, et ensuite à un autre, nommé Gobeau, en lui ajoutant, dit Cléry : « Remettez ce papier, je vous prie, à la Reine…, à ma femme : vous pourrez en prendre lecture ; il y a des dispositions que je désire que la Commune connaisse. »

Il paraît que ce testament fut remis assez promptement à la Commune, puisque l’on trouve, sur le registre de ses séances, qu’il fut annoncé le 21 janvier dès onze heures du matin. En effet, on lit dans le procès-verbal de la séance de ce jour : « À onze heures du matin, un membre fait part qu’il arrive du Temple, et que les membres de la commission l’ont chargé de prévenir le conseil qu’ils avaient un paquet important à communiquer, et