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Page:Théry - Autour d'un nom, 1926.djvu/22

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autour d’un nom

rapetissés de leurs courses à travers les continents, parce qu’ils sont tombés de tout le poids de leur corps vers ce qui est vil. D’autres, attirés avec une égale force, par les choses élevées, acquièrent une culture éminente. M. James était de cette catégorie.

Près de lui, Madame Durand se sentait à l’aise, comme on l’est toujours avec les gens d’une éducation parfaite. En plus, elle éprouvait le plaisir attristé dont on jouit à traverser des lieux enchanteurs qu’on n’espère plus revoir. Ceux-ci se gravent dans l’esprit ; les soirs, toujours pareils, sans être monotones, où M. James était là, Huguette les revivrait seule avec le souvenir de l’artiste qui faisait exprimer aux touches d’ivoire jauni, toutes les tendresses, toutes les mélancolies, toutes les fièvres du cœur, toute la désespérance de l’amour qui ne peut se donner, sentiments éternellement jeunes, à quelque âge qu’on les éprouve, parce qu’ils sont immortels comme l’art.

Sous l’immense abat-jour corail qui inondait sa tête, même ses épaules, de reflets de flamme, elle paraissait rajeunie. Mais le rayon de bonheur qui, à certains moments, illuminait sa figure, venait-il du miroitement des soies chatoyantes qui revêtaient les lumières ?