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autour d’un nom

la montagne quand ils étaient encore des petits. Tout servait de prétexte à se faire octroyer la permission de se diriger de ce côté : chercher les plus belles fleurs ; cueillir, pour la collection de Guy, des papillons, ces fleurs mouvantes, qui promènent sur les étés les ors purs et la nacre irisée de leur parure.

Comme ceux qui ont beaucoup de force à dépenser, ils se sentaient heureux de monter, certains de trouver en haut — ainsi que sur tous les sommets — des horizons plus vastes à contempler, une brise plus fraîche qui secoue les cheveux.

Plus tard, quand vinrent pour Guy, les années de collège, ils ne se voyaient plus que les deux mois de la vacance. Guy avait atteint ses seize ans, Huguette avait quatorze ans. Il l’appelait « Sa Dame », elle disait « Mon Chevalier ». À la manière des preux du moyen-âge, il l’aurait bien protégée de toute la force de sa jeune vigueur contre quiconque aurait voulu lui toucher, mais, les ennemis ne se montrant point, la bravoure juvénile de Guy se dépensait uniquement à repousser les branches d’arbres à hauteur de la figure de sa petite « dame » et à écarter du chemin les pierres qui auraient pu blesser son pied mignon de marquise.