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Page:Théry - Autour d'un nom, 1926.djvu/47

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autour d’un nom

Saison après saison, on atteignit ainsi l’âge où, de vagabonde qu’elle était l’humeur devient rêveuse. Guy acheta une voile. C’était prendre nouveau contact avec la montagne que de l’examiner des nombreux lacs qui, grands et petits, y fraternisent dans la plus parfaite entente. Aperçus sous un autre angle, les points de vue se modifient, l’aspect des lointains ensoleillés ou brumeux se transfigure.

Ils aimaient la nature et jouissaient de tout : des minutes calmes où l’on n’entendait que les stridulations du grillon des champs, le clapotement de l’onde, la chanson des oiseaux ; de la beauté des jardins dont la mousse, la verdure et les fleurs étaient arrangées avec un art admirable : de la paix d’endroits si sauvages qu’ils rappelaient ces « solitudes lointaines ou jamais n’abordèrent ni les dieux ni les mortels ».

C’est durant ces promenades que l’amour, dans la fraîcheur matinale de son aube, au cœur de Guy montait, montait graduellement comme la fine champagne qui mousse dans la coupe de pur cristal.

Vers la fin de l’été, seulement, au dernier jour de la vacance, il osa en parler à Huguette. Ils étaient sur l’eau. Guy n’avironnait plus.