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autour d’un nom

— Tu as dû remarquer, Huguette, que pas une fois j’ai évoqué le souvenir de ces années qui me sont restées chères : c’était un pacte que j’avais fait avec mon honneur le jour où, sur les instances de ton mari, je suis entré ici comme médecin. Aujourd’hui que tu me questionnes, laisse-moi te dire que je n’y suis jamais retourné depuis le jour où j’ai vu disparaître les espérances que tu sais. Quelquefois je me suis engagé dans la route qui y conduit, mais j’ai rebroussé chemin.

— Tu vas du côté de la montagne, pourtant ?

— C’est qu’on y trouve toujours un sentier solitaire où se dissimuler, quand l’émotion devient trop forte.

— Le temps n’a donc pas tenu sa promesse, mon pauvre Guy ?

Il n’a rien guéri en toi, rien changé ?

— Le changement qu’il a effectué dans mes sentiments, est le même qu’il a apporté à la montagne où j’aime à me retrouver avec mes vingt ans : ses arbres qui étaient alors forts et beaux ont grandi de plusieurs coudées, et leurs racines se sont implantées plus avant dans le sol.