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autour d’un nom

— Je ne m’étonne de rien, Huguette. Quand tu m’as expliqué, je comprends. Nous autres, hommes, vois-tu, nous n’avons pas le temps de nous arrêter à panser les plaies que nous fait la vie le long du chemin, mais la faculté que nous avons de souffrir, nous l’exerçons avec autant de violence quand viennent les grandes épreuves. Je te comprenais si bien, tout à l’heure, que je pensais à ces vers que tu connais :

« D’autres vont maintenant passer où nous passâmes :
« Nous y sommes venus, d’autres vont y venir :
« Et le songe qu’avait ébauché nos deux âmes.
« Ils le continueront sans pouvoir le finir !
« Car personne ici-bas ne termine et n’achève :
« Les pires des humains sont comme les meilleurs ;
« Nous nous réveillons tous au même endroit du rêve,
« Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs. »

— Toi, Guy, y vas-tu, du côté de la Butte ?

Tout enfants, ils avaient nommé ainsi l’endroit où avait été élevée Huguette, à cause d’un petit monticule qui leur rendait l’office de glissoire l’hiver.