temps, celui qui avait donné le coup de sifflet, faisant un demi-tour, se campait droit en face du colonel.
Le brave officier comprit que toute résistance était inutile et qu’il tombait aux mains des recors ; il recula d’un pas et sentit s’abaisser sur lui la main de l’homme qui lui avait d’abord frappé sur l’épaule.
« Nous sommes trois contre un, ainsi donc suivez-nous, lui dit celui qui lui fermait la retraite.
— Ah ! c’est vous, Moss, fit le colonel, qui paraissait reconnaître son interlocuteur. Combien vous faut-il ?
— Une bagatelle, dit M. Moss, auxiliaire ordinaire du shériff de Middlesex, cent soixante-six livres sterling huit pences, à la requête de M. Nathan.
— Pour l’amour de Dieu, Wenham, prêtez-moi seulement cent livres, dit le pauvre Rawdon, j’en ai une soixantaine chez moi.
— Je n’ai pas seulement dix livres vaillant, lui répondit le pauvre Wenham ; adieu et au revoir, mon bon ami.
— Adieu, » fit Rawdon avec tristesse.
Wenham disparut dans les ténèbres, et Rawdon Crawley continua son cigare dans la voiture qui le conduisait à Temple-bar.
CHAPITRE XX.
Où l’on voit au grand jour l’amabilité de lord Steyne.
Dans ses moments de générosité, lord Steyne ne faisait point les choses à demi, et les Crawley avaient pu en juger mieux que tous autres. Sa Seigneurie avait poussé la sollicitude jusqu’à se préoccuper de l’avenir du petit Rawdon, et avait fait entendre à ses parents qu’il était temps de l’envoyer à l’école. À cet âge, qu’y avait-il de plus profitable que l’émulation d’élève à élève, et ce premier frottement qui développe et le corps et l’esprit ? Le père objecta que ses moyens ne lui permettaient pas de faire entrer son fils dans une bonne pension ; la mère ajouta que Briggs était pour lui le meilleur maître qu’il pût avoir, et