Page:Thackeray - La Foire aux Vanites 2.djvu/282

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« Tout cela vient de la broche en diamants que vous m’avez donnée, » dit-elle à sir Pitt en lui laissant aller la main.

Peu de temps après, lady Jane, qui épiait à la fenêtre de son cabinet de toilette, la vit sortir de chez le baronnet, mais elle avait obtenu de lui qu’il irait voir son frère et tâcherait de l’amener à une réconciliation.

Rawdon trouva les jeunes officiers assis déjà à la table commune ; ils l’eurent bien vite décidé à partager leur repas, et il finit par fêter aussi bien que les autres les cuisses de poulet et l’eau de Seltz destinées à refaire l’estomac délicat des jeunes guerriers. La conversation fut telle qu’elle devait être au milieu de cette vive jeunesse, elle roula sur les principaux incidents du jour. On parla du prochain tir au pigeon et des paris engagés à cette occasion ; de Mlle  Ariane, de l’Opéra français, abandonnée comme son homonyme et consolée par un jeune lion. On parla d’un combat de boxe entre l’invincible Boucher et le redoutable Broaïcott. Le jeune Tandyman, héros de dix-sept ans, qui, à force de pommade et de soins, espérait faire germer une magnifique paire de moustaches, avait été témoin du combat et parlait de la manière la plus pertinente de la vigueur des combattants, de la souplesse de leurs muscles. Il n’y avait environ qu’une année que le jeune cornette était si fort sur les questions de boxe ; auparavant, il mangeait encore de la bouillie et recevait le fouet à Eton.

On parla ainsi de danseuses, de demi-vertus et de parties fines jusqu’au moment où Macmurdo vint se joindre à la conversation. Il semblait avoir oublié le proverbe latin qui recommande de respecter l’innocence de la jeunesse, et se mit à débiter les histoires les plus égrillardes avec aussi peu de retenue que le plus mauvais sujet. Rien ne l’arrêtait, ni ses cheveux gris, ni les jeunes oreilles de son auditoire. Mac était renommé comme conteur ; mais ce n’était pas précisément un homme fait pour la société des dames, ou, si l’on veut, ses jeunes camarades le présentaient à leurs maîtresses plutôt encore qu’à leurs mères. Il était difficile de mener une existence plus modeste que la sienne, mais il s’en contentait, et, en toutes circonstances, il répondait à l’appel de ses amis avec sa bonne et joyeuse nature, toujours simple et sans ambition.

Avant que Mac eût terminé son copieux déjeuner, la plupart de ses jeunes compagnons s’étaient levés de table. Le jeune