tait que je ne lui en administrai. D’ailleurs, il y avait huit mois pleins dans l’année où il était quitte de moi, pendant que j’allais à Londres faire acte de présence au parlement et à la cour de mon souverain.
À cette époque, je ne fis aucune difficulté de lui permettre de faire son profit du latin et du grec du vieux recteur qui l’avait baptisé et avait une influence considérable sur le jeune indiscipliné. Après une scène ou une querelle entre nous, c’était généralement au rectorat que le jeune rebelle allait chercher refuge et conseil, et je dois convenir que le ministre était un assez équitable arbitre entre nous dans nos disputes. Une fois, il ramena le garçon à Hackton par la main, et le conduisit en ma présence, quoiqu’il eût fait vœu de ne plus rentrer dans la maison de mon vivant, et il dit qu’il avait amené Sa Seigneurie pour reconnaître son erreur et se soumettre à toute punition que je croirais devoir lui infliger. Sur quoi je le bâtonnai en présence de deux ou trois de mes amis avec qui j’étais à boire sur le moment, et, il faut lui rendre justice, il supporta ce châtiment assez rude sans regimber ni pleurer le moins du monde. Ceci prouvera que je n’étais pas trop sévère dans la façon dont je le traitais, puisque j’étais autorisé par le ministre lui-même à lui infliger telle correction que je jugerais convenable.
Deux ou trois fois, Lavender, le gouverneur de Bryan, essaya de punir milord Bullingdon ; mais je vous promets que le vaurien fut trop fort pour lui, et qu’il vous étendit l’homme d’Oxford par terre avec une chaise, à la grande joie de Bryan, qui criait : « Bravo, Bully ! tape dessus, tape dessus ! » Et Bully, effectivement, en donna tout son soûl au gouverneur, qui ne se permit plus avec lui de châtiments corporels, mais se contenta de me rapporter les méfaits de Sa Seigneurie, à moi, son protecteur et son tuteur naturel.
Avec l’enfant, Bullingdon était, cela est étrange à dire, assez traitable. Il avait pris en goût le petit bonhomme, comme, du reste, faisaient tous ceux qui voyaient ce garçon, et l’aimait en outre, disait-il, d’être un demi-Lyndon. Et il pouvait bien l’aimer ; car mainte fois, à l’intercession du cher ange : « Papa, ne fouettez pas Bully aujourd’hui ! » ma main s’est arrêtée, et lui a épargné une rossée qu’il méritait richement.
Avec sa mère, d’abord, il daignait à peine avoir aucune communication. Il disait qu’elle n’était plus de la famille. Pourquoi l’aimerait-elle ? Jamais elle n’avait été une mère pour lui. Mais le lecteur aura une idée de l’inconcevable entêtement et du carac-