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LES BEAUX SOUVENIRS


L’ÎLE DES RAMIERS


Reverrai-je bientôt l’Île où sont les ramiers,
Où rit la mer au chant sonore des palmiers ?
— « Oui, bientôt surgira l’Île qui parut belle
À tes yeux, au doux mois cher à la tourterelle.
Alors, l’ami d’enfance accompagnait tes pas.
Il partageait tes jeux, tes travaux, tes repas.
La nuit, sur un canot chargé de fines voiles,
Il aimait prononcer les beaux noms des étoiles.
C’était lui qui donnait, par sa jeunesse en fleur,
Tant de charme à cette Île, aux halliers tant d’odeur ;
C’était lui qui prêtait, — pour tes yeux de poète, —
À la plage antillaise un sourire de fête…
Mais à présent, hélas ! que ton cœur l’a perdu
Et que te voilà plein de regret éperdu
Pour celui qui périt, par un soir de vaillance,
Parmi tant de héros morts pour sauver la France,
L’Île n’a plus son charme et ses tendres couleurs.
Le chant de ses ramiers semble traîner des pleurs.