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Page:Thaly - Chants de l'Atlantique suivis de Le ciel des Antilles, 1928.djvu/90

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SOUS LE CIEL DES ANTILLES
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Or, soudain, devant lui surgirent des grands chaumes,
Tous ceux qu’il enterra vivants au fond des puits.
Chaque mort en passant cria : « Je vous maudis »
Et lui reconnaissait chacun de ces fantômes.

Les esclaves étaient horribles dans la mort,
Leurs dos montraient encor des marques d’étrivières ;
Et le vieillard mourut sans fermer ses paupières
À l’affreux cauchemar dressé par le remords.

Depuis, quand dans la nuit fraîche de nos campagnes,
Les lucioles vont aux sources, par milliers,
On revoit, m’a-t-on dit, fantôme des halliers,
L’ombre du vieux Malvan planer sur les montagnes.

Et jamais ne revint à l’enclos familier
La bête de malheur, Nada, la jument blanche ;
Et l’on raconte encor aux veilles du dimanche,
Qu’elle gagna l’enfer avec son cavalier.