Page:Tharaud - Dingley.djvu/124

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Dingley dit adieu à l’enfant, et il se disposait à continuer sa route, quand celui-ci retint sa bête par la bride.

— Excusez, sir ! C’est un de nos chevaux que vous montez.

Le romancier hésita une seconde, incertain s’il allait obéir ou s’il ferait lâcher prise au garçon. Mais il réfléchit qu’après tout cette bête n’était pas à lui. Docilement il mit pied à terre. Le gamin saisit les rênes, siffla pour exciter les bêtes et s’éloigna prestement.


Le guide avait calculé la distance à la manière des paysans, pour qui le temps n’est de rien. Dingley marchait depuis déjà trois quarts d’heure, sur un terrain sablonneux, et la gare de Klipsdrift n’apparaissait pas encore. Dans ce désert où il était perdu, rien n’accrochait son regard que l’arbre, les poteaux du télégraphe et les fils de cuivre étincelants. Sur ces fins rayons insensibles, l’inquiétude de sa femme était venue jusqu’à son cœur. Avaient-ils encore, ce matin, frémi pour lui ?… Son imagination d’artiste,