Page:Tharaud - Dingley.djvu/131

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La balle, qui lui a pourtant à peine effleuré le dos, lui a coupé la parole. Voyez, une blessure de rien !

Ce disant, il releva le blessé, et par la déchirure de la chemise Dingley vit, sur l’échine, une éraflure de quelque millimètres.

— En route ! cria le mécanicien. Il faut arriver à l’heure.

— Ne pourrait-on étendre cet homme à ma place ? proposa le romancier. Moi, je m’arrangerai toujours.

Le malheureux lui jeta un regard chargé de toute la reconnaissance que ne pouvaient traduire ni ses gestes ni sa voix, et comme en ont les bêtes qui vont mourir.

— C’est votre affaire, répondit le conducteur. Votre place est à vous.

Dingley versa quelques gouttes de Champagne entre les dents du blessé, l’enveloppa de son manteau, l’installa sur sa chaise longue et lui roula sous la tête, en manière d’oreiller, sa couverture de voyage.

La locomotive siffla ; les cavaliers galopèrent un instant à la hauteur du train ; on