Page:Tharaud - Dingley.djvu/151

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de la veille et du rêve, Dingley, pendant vingt heures, s’épuisa en méditations stériles, en invocations à toutes les puissances auxquelles les hommes se confient dans la détresse, et qui se résumaient dans cette interrogation muette : Quel dieu, quel médecin, quel hasard sauvera mon fils !

Quand il poussa la barrière du parc de Dossieclipp, sa femme affolée de chagrin désespérait de son retour. Dans le désordre de son cœur, elle ne pensait plus à lui qu’avec cette douloureuse rancune qui vient parfois nous saisir et soulever toute notre âme contre les êtres que nous aimons le mieux. Mais dès qu’il eut ouvert la porte et qu’il fut dans la chambre au chevet de l’enfant malade elle oublia sa longue attente, ses angoisses, son ressentiment. Il lui parut que maintenant son fils ne pouvait plus mourir.

Dingley trouva le pauvre Archie dans un état pitoyable. Sitôt que l’enfant l’aperçut, il lui fit un triste sourire, et passant autour de son cou ses faibles bras amaigris, il lui demanda des histoires.