Page:Tharaud - Dingley.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

homme à qui vous devez le bonheur d’avoir revu votre enfant.

Et elle lui tendit la lettre qu’elle venait d’écrire, en faveur de Lucas du Toit, au Président de la Cour martiale.

Dingley la prit et la lut.

— Vous êtes un admirable avocat, dit-il en relevant les yeux. Votre prière aurait sauvé ce jeune homme s’il pouvait être sauvé. Mais voyez… Lucas du Toit a été fusillé hier matin.

— Oh ! fit-elle en cachant sa tête dans ses mains, tandis que des larmes montaient à ses yeux — offrande à la mémoire du héros et que sa jeunesse n’eût pas dédaignée.

En quelques phrases où l’on sentait l’irritation du citoyen anglais contre une campagne interminable et sans gloire, Dingley. lui représenta la déloyauté de la Colonie, les Afrikanders du Cap et du Natal impatients de la servitude, prêts à rallier l’ennemi. Si l’on ne faisait pas aux rebelles l’application impitoyable des lois, c’en était fait dans l’Afrique australe de la domination britannique.

Mais elle, qui ne pouvait douter de la