Page:Tharaud - Dingley.djvu/211

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discourir un de ces hommes, qui hier encore n’avaient de nom dans aucune langue, mais qu’on doit bien appeler pacifistes, du nom affreux qu’ils se donnent. Celui-là, un gaillard musclé pourtant ! ressassait ces lamentables idées venues du fond de la Judée, après s’être enfiévrées un moment dans la steppe, au poêle des isbas. L’Allemagne et puis la France avaient laissé passer ces rêvasseries sans courage. L’Angleterre les recevait aujourd’hui par la bouche de ce prophète imbécile. Et Dingley, levant les yeux vers les chênes puissants, leur adressait en pensée cette prière : « Étendez sur ce bavard vos branches en bras de potence, dignes Bourgeois, arbres justiciers ! »

Avec une allégresse oubliée depuis longtemps, il remontait à pied le Strand, lorsque, des étroites rues de Fleet-street, s’élancèrent les crieurs des premiers journaux du soir, et ce cri : « La Paix ! La Paix ! » crépita comme une pluie sur des feuillages arides.

Vingt-cinq mots de Kitchener annonçaient la nouvelle. Lancée la veille de Prétoria,