Page:Tharaud - Dingley.djvu/71

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propriétaires de mines, sportsmen attirés par la guerre comme par une partie de polo, misses et clergymen qui s’en allaient distribuer aux Tommies des pipes, des brosses à dents, des bibles et du chocolat, amis ou parents d’hommes qui se battaient, grandeurs de naissance, d’emploi ou d’argent accourues en Afrique par devoir de service, inquiétude, curiosité, intérêt, les noms les plus éclatants de l’Angleterre, la société la plus hétéroclite était rassemblée là.

En apparence, la vie qui animait cet hôtel n’était en rien différente de celle que menaient dans le même moment les touristes cosmopolites de la Côte d’Azur, des Baléares, du Caire, de Darjeling ou de Thérapia. Mêmes garden-parties, mêmes flirts, mêmes bals, mêmes concerts. Mais sur cette agitation élégante passait le souffle des nouvelles tragiques. Pas de jour qu’une dépêche ne vînt annoncer à quelque hôte de ce caravansérail, l’Auberge des Cœurs Silencieux, ainsi que l’appelait Dingley, la mort d’un parent ou d’un ami. Personne qui ne